Les acquis de Lire au Havre
Depuis 2012, le plan Lire au Havre a fait émerger nombre d’initiatives. D’ailleurs, les élus et les services du Havre en sont plutôt fiers. Comme symboles, on pense bien sûr à la bibliothèque Niemeyer ouverte en 2015 dans l’enceinte du Petit Volcan mais aussi à l’ouverture de 7 relais lecture dans l’ensemble de la ville. Pourtant, d’après le maire du Havre, Luc Lemonnier, Lire au Havre ne se résume pas à ces infrastructures.
“L’esprit de Lire au Havre était de donner le goût de la lecture par tous les moyens et stratagèmes. Pas seulement via les bibliothèques, dont le vaisseau-amiral est Niemeyer, et les relais lecture (…) Les infrastructures sont indissociables de la politique publique”
En effet, il faut y ajouter plusieurs dispositifs présentés comme innovants lors de leur lancement. On pense notamment à Domicilivres, qui permet de partager des livres, CD et DVD jusque chez les personnes âgées ou à mobilité réduite ou encore aux livres nomades. Ces derniers, qui ne sont autres que des points dispersés un peu partout dans les lieux publics, ont connu un succès fulgurant d’après Dominique Rouet. Le conservateur en chef des bibliothèques du Havre et directeur de la lecture publique l’explique.
“Actuellement, il y a 70 points de livres nomades. On souhaite en avoir 100. On n’imaginait pas que les havrais s’empareraient du dispositif en donnant leurs propres livres. Sur 100 000 livres qui ont circulé, 1/3 ont été donnés par des havrais”
Bien sûr, cette liste d’initiatives est non-exhaustive. On aurait aussi pu parler du dispositif Lire à l’air libre, par exemple. Mais cet ensemble prend place dans un cadre large qui avait, à l’époque, l’idée de donner le goût de la lecture et permettre à ses amoureux de la pratiquer. Et ce sans oublier de s’inscrire dans une démarche d’alphabétisation et de maîtrise de la langue française.
Les “nouveaux” objectifs de Lire au Havre
Pourtant, cette 2e phase ne devrait pas trop s’éloigner de l’esprit impulsé par la première. Luc Lemonnier parle même d’une “continuation”.
“Ce n’est pas la 2e phase d’un plan imaginé il y a longtemps. C’est le résultat de ce qu’on a pointé du doigt lors de la phase 1”
Et son adjointe chargée de la culture, Sandrine Dunoyer, de poursuivre :
“On n’abandonne rien. On renforce les dispositifs et on affine certains aspects”
Ainsi le partage et l’accès à la lecture, très présents dans l’idée de Lire au Havre phase 1 doivent se poursuivre. On le voit notamment à travers la volonté d’extension des livres nomades. Il est question aussi de développer les possibilités de lecture autonome pour les personnes empêchées. Pour cela, le réseau de lecture publique devrait se doter de livres audio et de liseuses grossissantes en plus.
Cependant, on peut retenir 2 aspects qui seront au coeur du déploiement de ce 2e chapitre. C’est le cas de l’attention portée à la lecture à voix haute. D’après Sandrine Dunoyer, cette pratique permet de toucher tous les publics. Y compris ceux qui ne savent pas lire ou ont des difficultés. C’est pourquoi ce temps de lecture devrait se développer dans les bibliothèques, les écoles, et divers lieux avec le soutien d’associations. Mais aussi dans les médias puisque Radio Albatros diffuse déjà des lectures sur son antenne en partenariat avec la Ville du Havre. Bien sûr, les divers acteurs qu’ils soient municipaux, associatifs, professionnels ou volontaires pour toucher tous les publics et tous les âges dans différents secteurs d’activité. Car, pour la Ville, ces temps de lecture à voix haute sont aussi l’occasion de moments d’échanges qui participent au lien social tout en faisant montre du plaisir de la lecture.
L’écriture pour accéder à la lecture ?
Mais cette 2e phase va aussi s’attarder sur le pan de l’écriture. En effet, la Ville du Havre souhaite s’appuyer sur le master Création Littéraire ouvert par l’université du Havre et l’école d’art du Havre (ESADHAR) en 2012.
“C’est comme ça qu’on apprend à lire. En apprenant d’abord le graphisme de l’écriture. Mais, à l’école, on n’apprend jamais l’écriture comme un plaisir” (Sandrine Dunoyer)
La question que se pose donc l’adjointe au maire chargé de la culture est celle-ci : comment aboutir à la lecture par l’écriture ? La municipalité a commencé à y répondre en attirant Le Labo des Histoires au Havre où son siège normand a été installé en septembre dernier. Cette association soutenue par la fondation La France s’Engage a pour but de proposer des ateliers d’écriture gratuits aux 5-25 ans.
Pourtant, il y a déjà un public à toucher d’après elle.
“Beaucoup d’ados ont envie d’écrire et le font à travers des fan-fictions qu’ils postent sur internet (…) Au Havre, il y a déjà beaucoup de concours d’écriture et les juries sont débordés”
Ceci ne devrait cependant pas empêcher un nouveau concours de voir le jour sous l’égide de la Ville. Quoiqu’il en soit, on a jusqu’à 2022 pour voir cette évolution. Il s’agit de l’échéance de ce 2e chapitre.
Lire au Havre et les festivals
D’autre part, Luc Lemonnier a aussi mentionné la place du festival littéraire Le Goût des Autres dans la politique de lecture publique havraise. Lancé en 2012, LGDA a lieu tous les ans en janvier sans discontinuer depuis. Ainsi, même si on ne se posait pas la question, le maire du Havre a confirmé sa tenue en janvier 2019. Toujours bon à savoir.
Toutefois, puisqu’il est question de festival et de lecture, on n’a pas pu s’empêcher de lui demander son positionnement sur le festival Polar à la Plage. En effet, l’association Les Ancres Noires, qui organise l’événement au mois de juin, a annoncé la semaine dernière l’arrêt de sa subvention régionale de 6 000 €. La Ville ayant à coeur de favoriser l’accès à la lecture et son plaisir, va-t-elle voler au secours de ce festival dédié au roman noir ?
“Le Polar à la Plage est une manifestation très appréciée des havrais. Je vais réécrire au président de la Région. Il faut qu’on trouve les moyens pour faire perdurer cette manifestation” (Luc Lemonnier)
Si l’édition 2018 aura bien lieu, celle de 2019 est menacée selon ses organisateurs. Contactée lundi dernier à ce sujet, la Région Normandie n’a pas donné suite.