En février dernier, le projet “Humains en Etat de Marche” avait piqué notre curiosité. Alors, quand on apprend que sa 2e phase est engagée, on se précipite pour en savoir plus. La 1ere phase consistait en la création de 10 affiches contre la radicalisation. Ainsi 10 jeunes de la Mission Locale du Havre ont pu s’interroger sur le sujet et questionner le public. Pour cela, ils étaient accompagnés par la compagnie havraise Le Temps qui Sèche et notamment son directeur artistique Jérôme Boyer.
Pour cette 2e phase du projet, il est toujours question de radicalisation, de mots-clés et d’interpellation. Et ce même si les horizons visés sont tout autres.
Parler “radicalisation” et faire la fête
Quand on dit autres horizons, on ne vous ment pas. En effet, la prochaine étape du projet Humains en Etat de Marche se joue au Burkina Faso. Une 2e phase prévue dès le départ et entamée dès le mois de février par Jérôme Boyer.
“Je suis allé voir au Burkina Faso comment on faisait la fête pour lutter contre les extrêmes qui y existent. On y vit des situations périlleuses avec des attentats. Il y a un parallèle avec ce qu’on a vécu en France”
Effectivement, le Burkina Faso subit la situation précaire du voisin malien depuis 2012. Le Mali doit faire avec une situation politique précaire et la menace de divers groupes terroristes islamistes.
Le directeur artistique du Temps qui Sèche en a ainsi profité pour rencontrer des familles de victimes qui s’engagent contre la radicalisation et recueillir leur témoignage. Objectif : imaginer et concevoir de nouvelles propositions artistiques dans le sillage des affiches réalisées par les jeunes de la Mission Locale du Havre.
Une déclinaison artistique sur la radicalisation
Et pour se rendre compte de l’art de la fête au Burkina Faso, Jérôme Boyer s’est rendu au festival Rendez-Vous Chez Nous. Dédié aux arts de la rue, il se tient à Ouagadougou depuis 2010. Et il espère bien être retenu pour l’édition 2019. C’est le sens du séjour en résidence entrepris en ce mois de septembre.
“L’idée, c’est de réaliser une déclinaison artistique de Humains en Etat de Marche et proposer un Signal-Ethique pour Rendez-Vous Chez Nous 2019″
Pour information, Signal-Ethique est un projet de la compagnie Le Temps qui Sèche qui a déjà fait l’objet d’une première réalisation en 2016 au Havre. Il s’agit de disposer des messages et performances dans l’espace public pour… interpeller les passants. En 2016, le thème retenu était zone de mendicité.
Cette fois-ci, il semble bien que le directeur artistique de la compagnie ait dans l’idée de donner une suite à ce projet. Mais tout en s’adaptant au thème et au pays qui pourrait l’accueillir.
“Je voudrais faire des panneaux avec d’autres questionnements. Dernièrement, au Burkina Faso, on voit fleurir des affiches à l’entrée des restaurants comme ‘port d’arme interdit’. Il y a une certaine violence dans le message donc, forcément, les Signal-Ethiques que j’imagine ne sont pas transposables en France”
Quoiqu’il en soit, il ne s’agit pas du seul projet envisagé pour donner suite aux 10 affiches réalisées en février. Un spectacle sous forme d’installation graphique et sonore est aussi prévu. Jérôme Boyer veut garder la surprise. Tout ce que l’on obtient, c’est qu’il souhaite mettre en avant les mots respirer, résister, vivre aimer… Le tout autour d’un élément un peu inattendu.
“Ce sera à partir de chaussures qui vont parler pour rester dans l’idée de ‘en état de marche’… Puis lors des attentats, au milieu des victimes, il reste toujours des chaussures qui traînent parce qu’elles ont volé ou qu’on les a déshabillées. Ça fait sens”
Un spectacle qui, contrairement à Signal-Ethique, pourrait être aussi bien vu en France qu’au Burkina Faso. Les deux options sont envisageables pour Jérôme Boyer. En attendant, ces projets suivent leur développement. La compagnie Le Temps qui Sèche a mis en place une cagnotte Leetchi pour aider à les mener à bien.